Ville résiliente : Montpellier 3M labellisée Fab City
SOMMAIRE
- Qu’est-ce qu’une Fab City ?
- Le portrait de Tomás Diez
- 13 entreprises montpelliéraines s’associent au projet de la Fab City
- Comment l'urbanisme doit-il s’adapter ?
- Valoriser les ressources disponibles de nos villes
- Développer les circuits courts
- L’exemple du projet REFLOW
- Le concept de ville résiliente déjà bien éprouvé à Montpellier
- 107,9 M€ consacrés à la transition écologique à Montpellier en 2021
- Des actions en faveur d’une ville “solidaire”
- La résilience des villes bientôt exigée par la loi

Candidature retenue ! Montpellier a officiellement rejoint le cercle des 40 autres villes résilientes du monde lors du Fab City Summit qui se tenait à Montréal du 13 au 15 août dernier.
Concept né il y a tout juste 7 ans, la Fab City se veut auto-suffisante et connectée tout en favorisant l’économie circulaire. Un pas de plus pour Montpellier qui tend plus que jamais à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. De multiples ambitions, notamment au niveau urbain, auxquelles participent activement les professionnels de l’immobilier neuf à Montpellier pour façonner la ville de demain.
Mais qu’est-ce qu’une Fab City ? Sur quels fondements s’appuie-t-elle ? Quels défis l’urbanisme de nos villes doit-il relever ?
Qu’est-ce qu’une Fab City ?
C’est à l’instigation de Fab City Global Initiative et Tomás Diez, Directeur du Fablab de Barcelone, qu’est né le concept de la Fab City. L’idée avait été lancée lors de la Fab7 à Lima en 2011 et présentée au gouvernement barcelonais.

Liées au mouvement des fablabs, en français “laboratoire de fabrication”, ces villes s’inspirent de techniques innovantes pour ”créer la ville, la région et le pays de demain”.
Pour ce faire, l’accent est mis sur la transformation de la manière dont les matériaux sont obtenus et utilisés. Pour mieux définir les ambitions de ces villes résilientes, un manifeste a d’ailleurs été rédigé et signé par plusieurs métropoles européennes dont Paris, Toulouse et Brest. Celui-ci se fonde sur 10 points essentiels à intégrer :
- 1.”Prôner une approche qui intègre la gestion de l’environnement et tendre vers la zéro-émission, en préservant les ressources naturelles, les cycles écologiques et la biodiversité.”
- 2.”Soutenir la co-construction inclusive et équitable à travers le développement de biens communs accessibles à tous.”
- 3.”Encourager le partage de connaissances entre les différents territoires afin de favoriser la diffusion des outils et des solutions adaptables aux besoins et cultures locales.”
- 4.”Intégrer l’ensemble des citoyens dans les processus de décision et encourager chacun à s’emparer des innovations et de la dynamique de changement.”
- 5.”Soutenir la croissance économique urbaine durable en investissant dans le développement des compétences, des infrastructures et des cadres politiques nécessaires. Tout cela à travers une juste prise en compte des externalités sociales et environnementales par l’application du principe pollueur payeur.”
- 6.”Encourager l’utilisation efficace et mutualisée de l’ensemble des ressources locales disponibles pour fabriquer une ville plus productive et vivante ; tout cela dans une approche d’économie circulaire.”
- 7.”Prioriser l’humain et la culture pour faire de la ville un écosystème vivant et résilient à travers les véhicules autonomes, les outils numériques, l’intelligence artificielle et les machines robotisées. Ces objets devront être mis au service du bien-être et des attentes des citoyens.”
- 8.”Intégrer toutes les dimensions et les interdépendances des sujets urbains pour construire une ville plus durable, inclusive et résiliente.”
- 9.”Soutenir les communs numériques qui adhèrent aux principes de l’open source et qui valorisent l’open data afin de stimuler l’innovation et développer des solutions partagées entre villes et territoires.”
- 10.”Soutenir la recherche, l’expérimentation et le déploiement de l’innovation, notamment sur certains enjeux : chaînes logistiques à faible impact, production distribuée, énergies renouvelables et réseaux intelligents, alimentation durable, agriculture urbaine, recyclage et réemploi de matériaux...”
Le portrait de Tomás Diez

Originaire du Venezuela, cet urbaniste est arrivé à Barcelone il y a près de 10 ans avec l’ambition de travailler pour l’Institute for Advanced Architecture of Catalonia, alors l’idée de créer des fablabs à Barcelone était déjà envisagée. Choisi pour piloter le projet, Diez y a vu une réelle opportunité de faire évoluer la ville en transformant de manière radicale la manière que l’on a “de vivre sa ville”.
13 entreprises montpelliéraines s’associent au projet de la Fab City
« À Montpellier comme ailleurs, la jeunesse marche pour le climat. Elle exige que nous changions notre modèle de développement pour être davantage respectueux de notre planète car il n’y a pas de planète de rechange... »
Michaël Delafosse, Maire de la Ville de Montpellier et Président de Montpellier Méditerranée Métropole
Ce n’est pas une candidature spontanée quand on connaît l’étendue du réseau d’ateliers et de fablabs déjà présents à Montpellier. Pour répondre aux nouveaux objectifs de la Fab City, un consortium s’est créé et s’est engagé à porter fièrement l’initiative. Parmi ses membres, Montpellier 3M pourra compter sur 13 entreprises :
- Fablab 34 BIS Sanofi
- Obilab IUT Montpellier-Sète
- PRO 3D UM
- Labsud
- La Fabrique ENSAM
- Station M UIMM
- Récup’So
- L’Usine 34
- Kuve la Passerelle
- Repair Café Montpellier
- La Menuiserie Collaborative
- Lezprit Réquipe
- EPF Montpellier
Comment l'urbanisme doit-il s’adapter ?

À l’heure où la demande de logements est de plus en plus marquée dans les grandes métropoles, l’aménagement urbain et les modes de construction actuels peinent à fournir les efforts nécessaires à la diminution du bilan carbone.
Et si la récente RE2020 a en enclenché de nouvelles initiatives pour construire mieux et durable, les matériaux utilisés et la distance qu’ils parcourent posent encore problème. D’où la nécessité d’aller vers des schémas de production et de consommation plus vertueux, proposés par le modèle de la Fab City.
Valoriser les ressources disponibles de nos villes
Pour éviter de délocaliser à tout va et de relocaliser la production des ressources, une ville résiliente se devra de valoriser ses propres ressources disponibles.
Pour relever le défi, l’architecte Minh Man Nguyen, architecte et co-fondateur de l’agence d’architecture WAO, souligne l’importance de développer des “technologies de pointe qui optimisent la production et qui peuvent permettre de faire émerger des solutions circulaires”, justement en travaillant avec des fablabs et des acteurs de l’innovation.
L’idée est aussi de recueillir et de mettre en commun les initiatives citoyennes et locales. Les citoyens doivent véritablement se réapproprier les notions de “production” et de “fabrication” pour construire une ville plus auto-suffisante.
Développer les circuits courts
C’est un des grands fondements des Fab Cities : “faire voyager les données et non plus les produits”. Par données, on entend l’expérience et non plus l’échange de biens physiques. Une économie circulaire donc.
L’économie circulaire désigne un système économique, de production et d’échange dont l’objectif est d’augmenter l’efficacité de l’utilisation des ressources pour réduire l’impact sur l’environnement.
L’exemple du projet REFLOW
Financé par l’EU H2020, le projet REFLOW a pour ambition de développer des villes circulaires et régénératrices en intégrant directement les citoyens à la démarche. Pour ce faire, REFLOW utilise les fablabs et les divers espaces existants pour amorcer les changements dans les environnements urbains et périurbains.
Le concept reprend tous les objectifs dictés par la Fab City.
Le projet a été expérimenté dans 6 villes pilotes européennes dont Paris, Berlin, Velje, Cluj-Napoca, Milan et Amsterdam. À travers cette expérimentation, REFLOW veut participer à l’évolution du métabolisme des villes pour en faire des lieux de résilience énergétique et matérielle.
Plus précisément, REFLOW fournira des systèmes de gestion de ressources en temps réel afin de surveiller les flux de matières dynamiques des villes (textiles, plastique, agroalimentaire, l’énergie, la déperdition thermique du réseau de chauffage urbain et le bois dans la construction temporaire).
Le concept de ville résiliente déjà bien éprouvé à Montpellier

On appelle “ville résiliente”, une ville qui a développé une capacité à s’adapter à tous les aléas qui peuvent l’affecter. Plus flexible et mutable que la “smart city”, la ville résiliente adopte un modèle de fonctionnement qui corrèle avec son propre métabolisme et ses propres problématiques.
107,9 M€ consacrés à la transition écologique à Montpellier en 2021
Ce budget pharaonique affiche les ambitions de la nouvelle politique montpelliéraine : construire la ville de demain tout en la rééquilibrant et en mobilisant davantage ses ressources. Ambition affichée par Michaël Delafosse, la priorité est véritablement à la construction d’une Montpellier durable.
6,8 M€ seront consacrés au développement durable et à l’environnement en 2021.
Outre les dépenses liées à la végétalisation à la transition énergétique, Montpellier veut aussi mettre l’accent sur le réemploi et le maintien de la stabilité financière des ménages.
Des actions en faveur d’une ville “solidaire”

C’est l’un des piliers du mandat Delafosse : faire de Montpellier une ville solidaire. Concept à la mode mais à la fois assez flou, la ville solidaire agit en faveur de la mixité sociale et veut offrir à chacun la liberté de s’épanouir. La construction d’une ville solidaire doit nécessairement passer par la valorisation de ses espaces publics, refuser le gaspillage des ressources naturelles et de l’espace urbain et rural et donner la priorité aux transports doux.
Montpellier a consacré 3 M€ pour le développement d’épiceries sociales et solidaires, 12,6 M€ pour le Centre Communal d’Action Sociale et 2 M€ pour les travaux de proximité concertés avec les citoyens.
Pour associer les Montpelliéraines et les Montpelliérains, des conseils de quartiers seront remis en place ainsi qu’une consultation citoyenne pour le réaménagement de la Place de la Comédie.
Montpellier.fr
La résilience des villes bientôt exigée par la loi
Évoqué dans le projet de la loi Climat, la notion de résilience fera d’ici très peu de temps partie intégrante des textes de loi. Largement inspiré de 150 propositions citoyennes, le texte n’est pourtant pas encore à la hauteur selon certaines ONG environnementales et élus écologistes.
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