La Restanque devient Montpellier Sud : Un quartier qui change de visage

Hervé Koffel

le 23 juin 2025

[ mis à jour le 23 juin 2025 ]

À Montpellier, un quartier change de nom pour amorcer sa mue. Située entre Tournezy et Près d'Arènes, l’ancienne zone industrielle de La Restanque devient officiellement « Montpellier Sud ». Derrière ce baptême administratif officialisé en ce mois de juin 2025, une transformation urbaine d’ampleur s’ébauche. Porté par la métropole et la SERM-SA3M, ce secteur de 123 hectares se lance dans une reconversion progressive vers un quartier mixte, habité, végétalisé et connecté.

La transformation de Montpellier Sud doit s’étendre sur une quinzaine d’années, pour accommoder la forte pression démographique et la mutation écologique du paysage urbain.

Montpellier Sud, le transfert d’un passé industriel à une ville mixte

Une ZAC d’envergure pilotée sur 15 ans

Ce quartier du sud-est montpelliérain, historiquement occupé par des entrepôts, garages et concessions automobiles, s’est longtemps cantonné à un rôle logistique à la périphérie du tissu résidentiel. Avec la croissance rapide de la ville (près de 300 000 habitants en 2025 selon l’Insee) et la rareté du foncier constructible, ce vaste territoire de 123 hectares est désormais vu comme une réserve vitale. Il fait aujourd’hui l’objet d’un projet de Zone d’aménagement concerté (ZAC) engagé pour 15 ans.

Le plan-guide, coordonné par les agences Richez Associés et In Situ, a été validé en 2024. Il prévoit la construction de 7 500 logements, une offre répartie entre accession libre, logement social et locatif intermédiaire, et le développement de 150 000 m² de surfaces commerciales et tertiaires, concentrées autour du Marché d’Intérêt National (MIN), de Tournezy et de Saint-Martin.

La gestion opérationnelle du projet est assurée par la SERM-SA3M, en lien étroit avec la Métropole et les acteurs du secteur. Selon les documents d'urbanisme consultés, l'aménagement se déroulera en plusieurs séquences d'ici 2040, avec des zones testées via des projets temporaires avant leur transformation définitive.

Un urbanisme de transition pour amorcer la mutation

Pour éviter l’effet de désert urbain en attendant les chantiers, la ville a choisi d’activer le territoire par étapes, en s’appuyant sur le principe d’urbanisme transitoire. Ce modèle permet d’occuper temporairement les friches avec des projets culturels, sociaux ou économiques, et en même temps informer et concerter les usagers sur le futur du quartier.

Cet urbanisme transitoire se manifeste déjà par l'inauguration de deux tiers-lieux en ce mois de juin 2025. Le premier projet, lancé par l’association Bières d’Occitanie, se nomme MOBA et doit ouvrir le 27 juin 2025 sur le site d’un ancien supermarché LIDL. Au programme de celui-ci : bar-cuisine, studio de danse, club-concert et espaces pour les enfants. Ce projet éphémère introduira le futur Réservoir, équipement permanent prévu à l’horizon 2026.

Quelques rues plus loin, le tiers-lieu sobrement appelé "Restanque" a été inauguré le 10 juin dernier avec un discours du maire Michaël Delafosse. Le tiers-lieu, créé par l'association LineUp, prend place dans un ancien hangar des années 70 de 1500m² entièrement réhabilité sur une période de deux ans. Présenté comme un "laboratoire artistique", le tiers-lieu Restanque propose une programmation culturelle éclectique, des expositions, des ateliers, ou encore un "bistrot culturel" placé sous le signe des vinyles et autres cassettes audio.

C’est une manière d’activer culturellement le quartier. Avec Restanque par LineUP, la culture est au début de Montpellier Sud , a déclaré Michaël Delafosse lors de l'inauguration. Cette vision permet d'un côté de faire vivre le quartier en attendant les grues, mais aussi de tester ses usages futurs, de créer du lien social et de susciter l’adhésion des habitants à venir. Un pari qui, pour l’instant, semble porter ses fruits.

À noter également l’installation prévue, en novembre 2025, d’un pôle média réunissant Radio Clapas, Divergence FM et l’hebdomadaire La Marseillaise. Une implantation qui sonne le retour de fonctions éditoriales et citoyennes au cœur du quartier. Elle complète une programmation qui mêle culture, information, lien social et expérimentation, dans cet écosystème urbain naissant.

© C. Marson / Montpellier.fr

Nature, climat et ville durable, ou comment réparer le territoire

Reconquête écologique d'un sol artificialisé

Le quartier Montpellier Sud s'est longtemps illustré par son imperméabilité quasi totale. Selon les données de la SERM, 93 % de la surface du secteur étaient couverts par des revêtements bitumineux ou bétonnés. Un héritage industriel que la collectivité entend déconstruire, au sens propre comme au figuré.

Le programme prévoit la désimperméabilisation de 25 hectares, soit l’équivalent de 35 terrains de football. En effet, il est nécessaire de restaurer la capacité du sol à absorber l’eau, limiter les ruissellements et favoriser l’infiltration naturelle sur la zone. L'opération est alignée avec l'objectif national Zéro Artificialisation Nette (ZAN), que Montpellier tente d’anticiper localement.

La désimperméabilisation est déjà bien en route, avec notamment la création d'un nouvel espace vert, le parc Nino Ferrer, dont l’inauguration est prévue le 19 juillet 2025. Celui-ci s’étendra sur 7 000 m² entièrement renaturés. La plantation d'une centaine d'arbres a déjà été opérée et il est également prévu des éléments de mobilier urbain (bancs, tables de pique-nique...) ainsi que des aménagements de loisir (tables de ping pong...) et autres espaces de jeux et de détente. Il sera rejoint en 2026 par le parc Lecout, plus modeste (3 000 m²), situé à proximité de l’ancienne concession Citroën.

La remise au jour du ruisseau de Lantissargues, enterré pendant des décennies, est également au programme. Il sera ressuscité pour créer une trame verte et bleue continue dans le quartier, et revalorisera une composante paysagère oubliée.

Une ville fraîche, cyclable et respirable

À mesure que les températures montent, la conception des espaces publics doit se recentrer autour du confort thermique. Montpellier figure parmi les communes les plus touchées par les épisodes de canicule, avec une hausse moyenne des températures de 2 °C depuis les années 1980 (source : Météo-France). Montpellier Sud se doit donc d'être un modèle d’adaptation climatique.

Les concepteurs du plan-guide ont intégré un maillage de corridors végétalisés, qui permettront de connecter les espaces verts existants et futurs. Des trames piétonnes et cyclables, ombragées et sécurisées, relieront les zones résidentielles aux commerces, aux écoles, aux parcs et aux équipements publics. Une manière d’encourager les mobilités actives et de réduire la dépendance à la voiture individuelle.

Des îlots de fraîcheur seront déployés dans chaque sous-secteur, combinant végétation, mobilier urbain boisé et fontaines de brumisation. Ces dispositifs doivent permettre de réduire localement la température de 3 à 4 °C en période estivale, selon les modélisations communiquées par la Métropole et la SERM.

Enfin, la transformation de Montpellier Sud prévoit la mutualisation des stationnements, pour limiter l’emprise au sol des parkings, souvent surdimensionnés et sources d’îlots de chaleur. Une passerelle cyclable est également à l’étude pour connecter le quartier à la gare Sud-de-France.

Habiter Montpellier Sud : nouveaux logements, nouveaux usages

Plus de 7000 logements attendus

Derrière les hangars démolis et les friches en reconversion, Montpellier Sud commence à accueillir ses premiers habitants. Cette dynamique résidentielle est l’un des piliers du projet d’aménagement. Objectif affiché : loger jusqu’à 18 000 personnes à l’horizon 2040, contre environ 2 000 aujourd’hui, avec une ambition de mixité sociale et générationnelle. Cela représente plus de 7000 nouveaux logements à Montpellier intra-muros.

La résidence Carré Renaissance, dont la livraison est prévue pour le 4e trimestre 2025, fait partie des premiers programmes de cette nouvelle phase. Située au cœur du secteur Tournezy, elle comptera 227 logements, répartis entre accession libre (138), locatif intermédiaire (47) et logement social (42). Les appartements de cette résidence sont également éligibles à la TVA réduite à 5,5 % TVA réduite à 5,5 % au lieu de 20 %.

Un autre programme immobilier neuf mixte vient de voir le jour à Montpellier Sud sous la houlette du promoteur FDI. Baptisé "Les Temps Modernes", ce programme se compose de 140 logements du T2 au T4 en accession libre, mais aussi de bureaux, commerces et d'un grand parc paysager en cœur d'îlot.

À proximité, deux résidences gérées par ACM Habitat, bailleur social de la métropole, font l’objet d’une réhabilitation énergétique profonde. Les 106 logements de Tournezy 1 et 2 visent le label BBC Effinergie, avec des travaux engagés pour abaisser leur diagnostic de performance énergétique de D à B.

La densité prévue n’est pas imaginée comme une accumulation d’immeubles, mais comme une « ville sur la ville », selon les termes du maire Michaël Delafosse, cités lors d’une présentation du plan-guide en 2024.

Équipements publics et services de proximité

Pour éviter l’écueil d’un quartier dortoir, Montpellier Sud sera aussi bien évidemment doté d’un socle d’équipements publics, dont certains sont déjà livrés ou en cours de réalisation. Le groupe scolaire Lucie Aubrac–Samuel Paty, ouvert à la rentrée 2022, accueille désormais plusieurs centaines d’élèves de la maternelle au CM2. Il a été conçu avec une toiture végétalisée, des espaces modulables et un patio central favorisant la ventilation naturelle.

Une nouvelle caserne de pompiers est également en projet et sera implantée en limite sud du quartier. Celle-ci s'avère essentielle pour couvrir plus efficacement cette partie de la ville, aujourd’hui en forte expansion. Sa livraison est prévue début 2026.

Au cœur du Marché d’intérêt national (MIN), en pleine reconfiguration, une Cité de l’Alimentation est également en projet, et prendra la place de la cuisine centrale qui manque d'espace aujourd'hui pour répondre aux besoins. Elle doit associer une halle gourmande, des espaces pour producteurs locaux et des animations autour de la transition alimentaire. Ce pôle se veut à la fois économique, éducatif et festif, en lien avec les nouveaux usages du quartier.

Du reste, on retrouvera enfin des services de proximité : maisons médicales, médiathèque, commerces de quartier, espaces associatifs... Les urbanistes du projet font état d'un objectif central qui est de favoriser les "temps courts". Ce sont ces trajets du quotidien qu’un urbanisme de proximité peut réduire en regroupant les fonctions dans un rayon de quelques minutes à pied ou à vélo.

Connectivité et accessibilité n'ont pas été oubliées

Avec ce nouveau souffle, Montpellier Sud entend devenir un nœud urbain à part entière. Pour cela, une autre problématique se pose : la question de l'accessibilité qui, bien sûr, a également été finement étudiée.

La desserte en transports en commun a été renforcée, à commencer par la ligne 4 du tramway, qui permet déjà de relier le centre-ville en une dizaine de minutes. D’ici octobre 2025, la mise en service complète de la gare Montpellier Sud-de-France sera accompagnée d’un raccordement aux lignes 1 et 2, qui facilitera l’accès depuis l’ensemble de l’agglomération.

Le quartier n’est plus une zone d’appoint ou de transit, mais un territoire relié, fluide, adapté aux mobilités douces. Le plan-guide intègre des chemins piétons et cyclables hiérarchisés, des continuités paysagères, et même l’étude d’une passerelle reliant le secteur au nord de la gare Sud-de-France.

Dans l’esprit des concepteurs, Montpellier Sud doit devenir un quartier « marchable », où les trajets de proximité se font sans voiture, en toute sécurité, y compris pour les enfants, les personnes âgées ou à mobilité réduite.

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Hervé Koffel

le 16-06-2025

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