Réseau de chaleur Nord-Alco : Montpellier accélère sa transition énergétique
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À l’heure où la transition écologique devient un enjeu de société incontournable, Montpellier s’illustre une fois de plus comme une ville pionnière dans la quête d’indépendance énergétique. Le 27 mars 2025 a eu lieu le lancement officiel du réseau de chaleur Nord-Alco (RCNA), un projet ambitieux mêlant innovations techniques, volontarisme politique et responsabilité environnementale.
Ce réseau ambitionne d’alimenter des quartiers emblématiques de la ville – Cévennes, Mosson, Alco et le CHU – en remplaçant progressivement des milliers de chaudières individuelles au gaz. Le maire Michaël Delafosse évoque un changement de paradigme : produire l’énergie sur place, en circuit court, pour garantir à la fois la stabilité des prix et une réduction massive des émissions de CO₂.
Prouesse technique affirmée, le réseau Nord-Alco a vocation à devenir un levier stratégique au service de la justice sociale, de la performance énergétique et de la résilience climatique.
Réseau de chaleur Nord-Alco : Un projet structurant pour les quartiers nord
La pose de la première pierre de la chaufferie biomasse Nord-Alco, le 27 mars 2025, lance le top départ d’un projet de premier plan pour la ville de Montpellier et son engagement pour la transition écologique. Située sur la route de Ganges, entre le parking relais Occitanie et le rond-point de la Lyre, cette infrastructure est le point de départ d’un réseau de chaleur de 21 kilomètres qui viendra irriguer les quartiers nord de la ville.
Le réseau Nord-Alco – ou RCNA pour Réseau de Chaleur Nord Alco – fournira une énergie locale et renouvelable à plusieurs zones d’habitation et sites stratégiques, dont le CHU, le quartier Alco, le quartier des Cévennes ou encore la Mosson. Dès septembre 2025, une première portion de 9 kilomètres sera mise en service, permettant d’atteindre près de 50 % de l’activité prévue du réseau, selon Frédéric Cauvin, directeur de l’énergie chez Altemed.
Comme l’a souligné le préfet de l’Hérault François-Xavier Lauch lors de l’inauguration, cette initiative est d’une ampleur comparable à celle du lancement d'une ligne de tramway ou de la rénovation d’un quartier au titre de l’ANRU Mosson où l’on met un demi-milliard d’euros
. Une reconnaissance de l’importance de ce chantier pour l’avenir énergétique et urbain de Montpellier.
À terme, ce réseau permettra d’alimenter plus de 19 000 équivalents-logements, ainsi que de nombreux établissements publics – écoles, collèges, lycées – en énergie propre, avec une mise en service complète prévue pour fin 2025 et des raccordements progressifs dès 2026. En consolidant l’autonomie énergétique des quartiers nord tout en réduisant leur dépendance aux énergies fossiles, le projet Nord-Alco redéfinit l’aménagement urbain comme un outil central de la transition écologique.

Un réseau de chaleur à fort impact environnemental
Au cœur du projet Nord-Alco, une ambition écologique affirmée : réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre et verdir durablement le mix énergétique local. La mise en place du RCNA permettra de remplacer à terme 110 chaufferies collectives au gaz et plus de 2 000 chaudières individuelles, une avancée importante en matière de décarbonation du chauffage urbain.
Dans un premier temps, le réseau fonctionnera grâce à du biométhane, un gaz renouvelable produit à partir de déchets organiques. Cette solution transitoire permettra d’alimenter les premiers usagers dès 2025, avant le passage à la biomasse solide, prévue pour 2026.
La ressource principale, le bois, suivra une démarche strictement durable et sera approvisionnée en circuit court avec une traçabilité rigoureuse que nous détaillerons plus bas.
Cet effort s’inscrit dans les objectifs nationaux définis par le gouvernement et relayés localement par la Métropole, qui sont de doubler la quantité de chaleur renouvelable d’ici 2035. Cela implique une accélération massive du déploiement des réseaux de chaleur, et le raccordement à ceux-ci pour de plus en plus de logements neufs à Montpellier. Ici, le RCNA est un jalon essentiel dans cette trajectoire, en contribuant à la réduction de la précarité énergétique, grâce notamment à une stabilité tarifaire favorisée par une TVA à taux réduit.
Comme l’a rappelé Michaël Delafosse, maire de Montpellier, les équipements permettant d’avoir recours aux énergies renouvelables sont aussi des éléments moteur dans la lutte que nous devons mener pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre et prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique
. La réduction des émissions de CO₂, l’indépendance énergétique, et l’ancrage territorial de la production sont les piliers d’un modèle énergétique vertueux que la collectivité entend généraliser.
Une chaufferie bois exemplaire
Au centre du dispositif du réseau Nord-Alco, la future chaufferie biomasse s’impose déjà comme un modèle d’ingénierie énergétique et de cohérence environnementale. Installée sur un site actuellement vacant entre le CHU et le rond-point de la Lyre, elle sera, à terme, le cœur battant de ce nouveau réseau de chaleur. Son coût total s’élève à 64 millions d’euros, un investissement assumé par la Métropole dans le cadre de sa stratégie de souveraineté énergétique.
La mise en service de l’installation est prévue pour fin 2025, avec un raccordement progressif des bâtiments dès l’année suivante. En pleine phase de travaux, le site accueillera chaque jour cinq à six camions pour alimenter la chaufferie, selon les précisions d’Altemed, l’aménageur public de la métropole en charge du projet. Dès son démarrage, l’équipement permettra de desservir un large éventail d’usagers : logements, équipements publics, établissements de santé.

Circuit court et bois recyclé
Le choix de la biomasse – notamment le bois recyclé ou issu de coupes forestières nécessaires – répond à une exigence de durabilité totale, à l’image de l’utilisation plus fréquente de matériaux écologiques dans les constructions neuves. Le maire de Montpellier, Michaël Delafosse insiste sur le fait que le bois utilisé ne provient pas de forêts détruites, mais de palettes usagées, d’arbres trop vieux ou malades, d’élagages ou de résidus post-incendies.
Comme mentionné plus haut, l’approvisionnement sera local (dans un rayon de moins de 90 km) et garantira une empreinte carbone réduite en soutenant les filières de valorisation du bois régionales.
Sur le plan technique, l’installation exploitera une technologie éprouvée : un double réseau de canalisations enterrées – aller et retour – transportera une eau chaude circulant à environ 80-90°C, qui reviendra à 60°C après usage, un fonctionnement simple mais hautement efficace. Ce système est pensé pour être flexible et évolutif, afin de s’adapter à la montée en charge progressive du réseau jusqu’en 2030.
Une ambition métropolitaine plus large
Le réseau de chaleur Nord-Alco est une pièce maîtresse d’une stratégie énergétique globale déployée à l’échelle de toute la Métropole de Montpellier. Depuis plus de trente ans, la collectivité développe un Réseau de Chaleur et de Froid (RCF) de grande ampleur, conçu pour valoriser les énergies locales et renouvelables, et structurer un véritable service public de l’énergie.
Aujourd’hui, ce réseau alimente déjà 20 000 habitants, et les ambitions sont nettement affichées : atteindre 60 000 équivalents habitants raccordés d’ici 2030, ce qui ferait de Montpellier un acteur de premier plan au niveau national. La ville se classe déjà troisième réseau français de chaleur et de froid, une performance remarquable au vu de son gabarit et de ses ressources.
Biomasse oui, mais pas que...
La force du modèle montpelliérain réside dans la diversification de ses sources d’énergie. Outre la biomasse qui sera utilisée dans le RCNA, la Métropole mobilise la géothermie, la méthanisation, les eaux grises et boues chauffées issues de la station d’épuration Maera, ainsi que la récupération de chaleur fatale produite par les data centers. Dix centrales sont déjà en fonctionnement, desservant 1,8 km² : logements, bureaux, commerces, écoles, hôpitaux...
C'est une approche modulaire qui, adaptée aux spécificités de chaque quartier, montre une volonté politique forte de garantir une énergie propre, stable et accessible, en maîtrisant les coûts. Le tarif réduit de la TVA applicable à ce type de réseau en est un levier économique non négligeable, notamment pour lutter contre la précarité énergétique.

La métropole défend une philosophie d’action bas carbone :
« Nous voulons que notre territoire produise sa propre énergie car nous pensons qu’il faut conduire la transition écologique et solidaire et décarboner pour réduire nos émissions de CO2.
C’est le sens de la 5e ligne de tramway, du bustram, c’est le sens de la prime de 2 600 euros que nous accordions aux particuliers qui font évoluer leur logement sur le plan énergétique et c’est aussi pour cela que dès cet été avec notre plan climat, tout projet de 300 mètres carrés devra lui aussi être producteur d’énergie »
Michaël Delafosse, Maire de Montpellier et Président de la Métropole
Une dynamique collective pour l’avenir
Le succès du réseau de chaleur Nord-Alco repose également sur une dynamique collective puissante, fédérant acteurs publics, entreprises et institutions autour d’une vision commune : faire de Montpellier un territoire résilient et exemplaire sur le plan énergétique.
Ce projet d’envergure est donc piloté par Altemed, en collaboration étroite avec les services de la Métropole. Le préfet François-Xavier Lauch a salué cette capacité de coordination, rappelant qu’à Montpellier, avec peu d’industrie et une agriculture limitée, les deux leviers majeurs pour réduire les émissions de gaz à effet de serre sont les transports et l’habitat
.
Le soutien de l’ADEME, acteur central de la transition énergétique en France, a également été décisif : l’agence a accordé plus de 42 millions d’euros d’aides à Montpellier en quinze ans, illustrant la confiance nationale dans les projets portés localement. Cette relation, que le préfet a qualifiée avec humour d’histoire d’amour
entre la ville et l’Agence, témoigne de la reconnaissance du modèle montpelliérain comme exemplaire.
En consolidant le lien entre action locale et enjeux globaux, Montpellier démontre que la transition énergétique est non seulement possible, mais aussi socialement utile, économiquement viable, et démocratiquement portée. Le réseau de chaleur Nord-Alco n’est pas qu’un projet d’avenir : c’est une promesse tenue.
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