Statut du bailleur privé : Un nouvel espoir pour l'immobilier locatif ?

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Avatar de l'auteur "Hervé KOFFEL" Hervé Koffel

le 12 décembre 2024

[ mis à jour le 12 décembre 2024 ]

SOMMAIRE

Ce n’est pas un secret, le marché du logement bat de l’aile depuis quelques temps, après une longue période de hausse des taux et des prix qui ont rendu l’accès au logement difficile, autant pour les locataires que les propriétaires. Tandis que les loyers grimpent dans les zones tendues et que l'accès à la propriété devient de plus en plus compliqué pour les ménages modestes, le gouvernement explore de nouvelles solutions pour rééquilibrer le marché immobilier. Parmi celles-ci, l'instauration d’un statut de bailleur privé apparaît comme une idée de réforme prometteuse.

Ce projet, encore en discussion, est une réponse aux nombreux défis actuels : augmenter l'offre locative, garantir des logements décents et accessibles, tout en offrant des incitations financières claires aux investisseurs privés. Alors qu’il n’est plus qu’une question de jours avant la fin du dispositif Pinel, le statut bailleur privé commence à se dessiner comme le sauveur de l’investissement locatif. Ce statut pourrait transformer la relation entre bailleurs et locataires, en imposant des obligations claires mais en fournissant également des avantages compétitifs aux propriétaires.

Au-delà des aspects techniques, le statut de bailleur privé soulève des questions importantes sur l’avenir de l’immobilier locatif en France. Nous verrons ici les enjeux, les avantages et les défis liés à cette potentielle révolution immobilière.

Qu’est-ce qu’un bailleur privé ?

Un bailleur privé désigne tout individu ou société mettant en location un bien immobilier sans dépendre d’un statut public ou social. Ces acteurs jouent un rôle fondamental dans le marché locatif français, offrant des logements à une population diverse, des étudiants aux familles, dans des contextes variés, qu'il s'agisse de résidences principales ou temporaires.

Contrairement aux bailleurs sociaux, dont les loyers sont strictement encadrés et destinés à des ménages modestes, les bailleurs privés opèrent sur le marché libre. Cela leur confère une plus grande flexibilité dans la fixation des loyers et la sélection des locataires, tout en leur imposant des responsabilités importantes.

Les bailleurs privés représentent une part essentielle de l’écosystème immobilier français. En 2022, ils possédaient près de 58 % des logements locatifs du parc privé, un chiffre qui témoigne de leur importance dans l'accès au logement. Leur rôle va au-delà de la simple mise à disposition de biens : ils assurent une diversité de logements, que ce soit des petites surfaces adaptées aux étudiants ou des maisons destinées aux familles.

De plus, en achetant des biens anciens à rénover ou en acquérant des logements neufs, ils soutiennent le secteur de la construction et participent indirectement à l’amélioration du parc immobilier existant.

Distinction avec le bailleur social

Le bailleur social, souvent un organisme public ou semi-public, s’adresse à une clientèle bien spécifique : les foyers à revenus modestes. Ces logements, subventionnés et encadrés par l'État, répondent à une mission d’intérêt général. À l'inverse, le bailleur privé propose des biens soumis à la loi de l'offre et de la demande, bien que des dispositifs comme la loi Pinel ou les encadrements locaux des loyers puissent modérer ces libertés.

immobilier neuf à Toulouse – Figurines de maisons avec des points d'interrogation
©Doucefleur - Shutterstock

Les obligations principales

Être un bailleur privé implique une série d’obligations visant à protéger les droits des locataires tout en assurant des conditions de logement dignes. Ces responsabilités, encadrées par des textes législatifs tels que la loi du 6 juillet 1989 ou la loi ALUR de 2014, établissent des normes précises.

Offrir un logement décent : Le bailleur doit garantir que le bien respecte les critères de décence définis par la loi. Cela inclut la sécurité, la salubrité, ainsi qu’un équipement minimum comme l'accès à une eau potable et un système de chauffage fonctionnel.

Effectuer les réparations nécessaires : Les travaux lourds, notamment ceux liés à l’usure ou à des défauts structurels, relèvent de la responsabilité du propriétaire. En revanche, les réparations mineures ou l’entretien courant sont à la charge du locataire.

Fournir les documents requis : Lors de la signature d’un bail, le propriétaire est tenu de fournir des diagnostics immobiliers obligatoires, comme le diagnostic de performance énergétique (DPE) et l’état des risques naturels.

Respecter la vie privée des locataires : Une fois le bien loué, le propriétaire ne peut accéder au logement sans l’accord du locataire, sauf en cas d’urgence ou pour des travaux annoncés préalablement.

Les droits des bailleurs

En contrepartie de leurs obligations, les bailleurs privés bénéficient de plusieurs droits leur permettant de gérer leurs biens en toute légitimité :

Fixation des loyers : Les propriétaires peuvent définir librement le montant des loyers dans la plupart des régions, sauf dans les zones soumises à l'encadrement des loyers ou dans le cadre d’un dispositif de défiscalisation comme le Pinel ou le Denormandie avec plafonds de loyer. À Bordeaux ou Paris, par exemple, des plafonds s’appliquent pour limiter les excès.

Choix des locataires : Le bailleur a la possibilité de sélectionner ses locataires, sous réserve de respecter les principes de non-discrimination définis par la loi.

Droit de reprise : À l’échéance du bail, le propriétaire peut récupérer son bien pour l’habiter lui-même, y loger un proche ou le vendre, en respectant les délais de préavis (généralement six mois pour une location vide).

Résiliation du bail en cas de manquements : Si le locataire ne respecte pas ses obligations (retards de paiement, dégradations importantes), le bailleur peut demander la résiliation du bail, sous réserve d’une décision judiciaire.

Un cadre législatif en évolution

L’environnement juridique des bailleurs privés est en constante évolution pour répondre aux défis contemporains. La rénovation énergétique, par exemple, devient une priorité avec l'interdiction progressive de louer des passoires thermiques (logements classés G au DPE interdits de location dès 2025). De plus, les dispositifs d'encadrement des loyers, étendus à certaines métropoles, protègent les locataires tout en structurant davantage le marché.

immobilier neuf à Toulouse – des mains montrant des résultats de calcul sur une calculatrice à une personne dont on ne voit que les mains
©MIND AND I - Shutterstock

Le statut du bailleur privé : Une perspective attractive pour les investisseurs

Comme nous l’avons répété plus haut, le marché locatif français traverse une période de turbulences, marquée par des tensions croissantes entre la demande de logements et l’offre disponible.

Un secteur qui fait face à des obstacles importants

Depuis 2023, l’immobilier neuf subit un coup particulièrement dur avec un recul important des ventes et des mises en chantier. Le dispositif Pinel, permettant de défiscaliser sur un investissement locatif dans le neuf, représentait plus de 80% des ventes à investisseurs sur le secteur du logement neuf.

Celui-ci étant voué à disparaître d’ici quelques jours à l’heure où nous écrivons ces lignes, cela pourrait vraisemblablement sonner des heures encore plus sombres. Les acteurs de la promotion immobilière s’évertuent à répéter depuis 2 ans à qui veut bien l’entendre au gouvernement qu’il est vital de mettre en place un nouveau dispositif pour remplacer la loi Pinel et ainsi reconquérir le cœur des investisseurs et relancer le logement neuf.

Avec le gouvernement Barnier censuré, la loi de Finances 2025 reportée et ses nombreux amendements pour rebooster le logement annulés, la machine est au point mort.

En outre, avec les nouvelles réglementations environnementales, les bailleurs sont confrontés à des coûts de mise aux normes, notamment pour les logements énergétiquement inefficaces. Sans incitations adaptées, beaucoup hésitent à investir.

Enfin, la hausse des loyers et la demande trop conséquente par rapport à l’offre dans les grandes métropoles rend difficile l’accès au logement pour les ménages modestes, accentuant les tensions sociales.

L'idée de réforme pour créer un statut de bailleur privé à part entière

Face à ces défis, le gouvernement a émis l’idée de la création d’un statut universel du bailleur privé. Cette réforme, souvent évoquée comme un "régime universel d’investissement locatif", a pour objectif de simplifier les règles et de renforcer l’attractivité de l’investissement locatif tout en protégeant les locataires.

La réforme envisagerait un système unique d’amortissement, applicable à tous les types de logements (neufs ou anciens), rendant l’investissement plus flexible et plus accessible que les dispositifs actuels (Pinel, Denormandie, LMNP...)

Le nouveau statut permettrait aux bailleurs de déduire fiscalement une partie de la valeur de leur bien chaque année, sur toute sa durée d’exploitation. Cela inciterait davantage d’investisseurs à opter pour des locations longue durée, particulièrement dans les zones où la demande est forte.

De plus, les logements rénovés pour atteindre des standards énergétiques plus élevés pourraient bénéficier d’avantages fiscaux supplémentaires. Cette mesure est un bon ajout pour accélérer la transition écologique du parc locatif tout en améliorant la qualité des biens proposés.

Tout en préservant la rentabilité des investisseurs, la réforme proposerait des plafonds raisonnables pour éviter les dérives, notamment dans les zones tendues comme Montpellier, Bordeaux ou Lyon.

immobilier neuf à Toulouse – un couple de locataires Pinel reçoit ses clés
© Pormezz- Shutterstock

Une réponse aux attentes des acteurs du marché

Cette idée de statut de bailleur privé s’appuie sur les recommandations du Conseil National de la Refondation Logement (CNR) formé en 2022 par l’ancien ministre du Logement Olivier Klein. Le CNR a réuni promoteurs, bailleurs sociaux, et experts immobiliers avec un objectif clair : établir un équilibre entre incitations pour les propriétaires et protection pour les locataires.

Comme le soulignait Olivier Klein à l’époque : L’investissement locatif est essentiel pour répondre à la crise du logement. Ce statut offrira aux bailleurs la stabilité dont ils ont besoin tout en garantissant aux locataires des logements accessibles et de qualité.

Cela fait bientôt 3 ans que la possibilité a été évoquée et le Logement a plus que jamais besoin de l’arrivée d’une telle mesure pour sortir la tête de l’eau.

Les grandes lignes du statut de bailleur privé

Le statut de bailleur privé, tel qu’envisagé, offrirait des avantages substantiels aux investisseurs immobiliers, les encourageant à maintenir ou élargir leur activité locative.

Le principal atout de cette réforme réside dans la possibilité de déduire une partie de la valeur d’un bien chaque année de sa base imposable. Ce système d’amortissement, applicable aussi bien aux biens neufs qu’aux anciens, offrirait une visibilité financière sur le long terme et renforcerait la rentabilité nette des investissements.

En consolidant les mécanismes existants (LMNP, Denormandie etc.), le statut promet de simplifier la fiscalité pour les bailleurs. Cette clarté permettrait notamment une meilleure gestion des biens et des revenus locatifs.

Contrairement à des dispositifs comme la loi Pinel, souvent limités au neuf, le nouveau statut pourrait s’appliquer à une gamme plus large de biens, y compris les logements anciens rénovés, élargissant ainsi les opportunités pour les investisseurs.

En échange d’incitations fiscales, les propriétaires seraient encouragés à pratiquer des loyers modérés, rendant leurs logements plus compétitifs sur le marché et réduisant drastiquement les périodes de vacance locative.

Les locataires aussi y trouvent leur compte : une modération des loyers, des logements plus qualitatifs avec de meilleures performances énergétiques grâce aux incitations à la rénovation, un cadre plus transparent concernant les droits et les devoirs de leurs bailleurs et des conditions locatives plus claires et stables.

Une réponse adaptée à l’essor des locations saisonnière

Actuellement, de nombreux investisseurs privilégient les locations meublées saisonnières ou à court terme, jugées plus rentables. En effet, ces locations type Airbnb bénéficient d’une fiscalité très avantageuse comparée aux locations nues longue durée classiques.

C’est d’ailleurs la raison de la naissance du projet de loi Airbnb pour les réguler, et des amendements adoptés dans le PLF2025 prévoyant d’autres mesures de rééquilibrage. Mais ces mesures sont désormais sur la sellette avec l’impasse politique actuelle.

Le nouveau statut, avec ses incitations fiscales, pourrait d’abord devenir une solution de remplacement en attendant la mise en place de mesures plus fortes. Il encouragerait les bailleurs à se tourner davantage vers les locations longue durée, pour apaiser un peu la tension locative dans les grandes villes.

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