Collège des Écossais à Montpellier : Un site historique préservé en passe de reconversion

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Avatar de l'auteur "Hervé KOFFEL" Hervé Koffel

le 28 juillet 2025

[ mis à jour le 28 juillet 2025 ]

SOMMAIRE

Sur les hauteurs du Plan des Quatre Seigneurs, un parc boisé historique de 3,5 hectares vient d’échapper à la densification urbaine. Le 16 juillet 2025, le PLUi-Climat verrouille son avenir et double la part des espaces naturels protégés. L’État cèdera bientôt gratuitement l’ensemble à l’ENSAM, pour que ce site patrimonial puisse renouer avec la recherche internationale.

Quand Patrick Geddes rêvait d’une université-jardin

Comment renouveler un site patrimonial sans grignoter la garrigue ? Une question que Patrick Geddes, pionnier de l’urbanisme social après son voyage mexicain de 1880, aurait sans doute appréciée ; lui qui entrevoyait déjà des villes « où la nature n’est pas invitée, mais hôtesse ». Le siècle lui donne enfin raison, sur la colline qu’il avait choisie pour sa « Cité universitaire internationale ».

En 1924, le biologiste-urbaniste écossais hisse son pavillon d’idées sur le versant calcaire du Plan des Quatre Seigneurs. Il imagine là « une cité d’études ouverte à toutes les cultures », première expérience française de campus international. Le chantier est confié à l’architecte montpelliérain Edmond Leenhardt, dont les lignes sobres s’adossent aux pins parasols pour ménager des jardins-laboratoires et un panorama jusqu’à la mer.

Le cœur du dispositif est l’Outlook Tower, une réplique de la tour d’observation qu’il avait bâtie à Édimbourg. Celle-ci sert de belvédère scientifique, tandis que le pavillon principal accueille dès 1925 une quinzaine d’étudiants, avant l’ajout du « bâtiment des Hindous » en 1928. Geddes voit dans ce théâtre de pierre et de garrigue la preuve que l’urbanisme peut « faire dialoguer nature et civilisation » : ses bas-reliefs gravent même les célèbres schémas Place-Work-Folk sur les façades.

Cette utopie reste longtemps confidentielle jusqu’à son passage officiel sous cloche patrimoniale : le 19 décembre 2013, l'inscription du site à l'inventaire des Bâtiments de France (et donc son classement en tant que Monument Historique) protège « en totalité l’espace de la parcelle, ses terrasses, jardins, façades, toitures et la tour Outlook », ainsi que le monument à Jeanne d’Arc. Le geste confère à l’ensemble de 3,5 hectares la même valeur que les grands sites patrimoniaux nationaux, garantissant son intégrité avant toute reconversion.

PLUi-Climat : la muraille réglementaire qui scelle l’avenir du campus

Le 16 juillet 2025, le conseil métropolitain adopte le premier Plan local d’urbanisme intercommunal-Climat (PLUi-C) à 70 % des voix. Le document gèle deux tiers du territoire contre toute artificialisation et consacre le Collège des Écossais comme zone UC 5-1, l’un des niveaux de protection les plus stricts.

Cette translation dans la cartographie urbaine appose un double verrou :

Le nouvel atlas parcellaire scinde désormais les 3,5 hectares en trois entités paysagères : un parc arboré en lisière de l’avenue Abbé-Paul-Parguel, une garrigue protégée côté avenue d’Occitanie, et le jardin patrimonial ceinturant les pavillons historiques.

En langage d’urbaniste, le site passe ainsi du statut de « réserve foncière » à celui de sanctuaire climatique : toute nouvelle construction devra prouver qu’elle ajoute plus d’ombre que d’ombre portée.

collège des écossais montpellier préservation et reconversion – le bâtiment principal du collège des écossais
© C. Ruiz / Encommun.fr

Un projet de 5,5 M€ de l'ENSAM pour métamorphoser la colline scientifique

Propriété du rectorat depuis près d’un siècle, le Collège des Écossais s'apprête à changer de main. En effet, l’État va transférer gratuitement les 1 000 m² bâtis et les 3,5 hectares de pinède attenante à l’École nationale supérieure d’architecture de Montpellier (ENSAM). Le principe de cette cession « à titre gracieux » a été acté alors que se refermait le débat public sur le PLUi-Climat.

L’établissement d’enseignement supérieur dispose d’une enveloppe prévisionnelle de 5,5 millions d’euros pour porter le projet de reconversion du Collège des Écossais. Le directeur Thierry Verdier projette un carrefour international pour la recherche, l’expérimentation architecturale et le dialogue entre disciplines .

Le pavillon principal d’Edmond Leenhardt abritera des studios de travail et des chambres pour chercheurs invités, tandis que le « bâtiment des Hindous » deviendra un centre d’apprentissage couplé à un incubateur d’idées. L’Outlook Tower, belvédère emblématique, devrait quant à elle se muer en espace-mémoire dédié à Patrick Geddes.

Gouvernance et feuille de route de la reconversion

Le 24 juillet 2025, le projet change d’échelle : sur le parvis de l’ENSAM, le maire de Montpellier Michaël Delafosse et le directeur Thierry Verdier affichent une alliance « Ville-État-École » destinée à piloter la reconversion du Collège des Écossais (Source : Montpellier Archi). Le transfert gratuit de la parcelle doit être signé d’ici à la fin de l’année, après publication d’un décret interministériel.

L’opération, comme mentionné au-dessus, est chiffrée à 5,5 M€. Ce budget sera réparti entre :

Mobilisation associative : le contremaître invisible d’une reconversion « zéro densification »

Le 23 juin 2024, les représentants de l’Association Patrick Geddes France sont reçus par Maryse Faye, alors adjointe à l’urbanisme durable ; ils obtiennent l’assurance que le futur plan d’urbanisme protégera le Collège des Écossais de toute construction neuve. Cette promesse est gravée dès le 1ᵉʳ août 2024 dans un courrier de l’association aux services métropolitains, rappelant que « le site doit demeurer un témoin intact de l’œuvre de Patrick Geddes ».

L’engagement prend corps le 16 juillet dernier lors de l’inscription en zone UC 5-1 qui interdit tout nouvel ouvrage dépassant R+1 et fait grimper la surface paysagère protégée à près du double de celle actée dans l’ancien PLU.

« Ce document stratégique valorise les éléments patrimoniaux au fondement de nos identités locales, protège le patrimoine reçu en héritage pour construire un projet métropolitain respectueux de son histoire et préserve les 2/3 de notre territoire de l’urbanisation »

Michaël Delafosse, visite de presse du 24 juillet 2025

À l’échelle du quartier Hôpitaux-Facultés, cette « doctrine du non-bâti » renverse la logique habituelle : au lieu d’arbitrer combien d’arbres sacrifier pour ériger des logements neufs, la Métropole fixe d’abord l’horizon vert, puis autorise ou non les usages compatibles. Le Collège des Écossais devient ainsi un étalon de sobriété foncière, où chaque pierre réhabilitée comptera davantage qu’un mètre carré supplémentaire.

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