La rénovation du quartier des Cévennes à Montpellier
Hervé Koffel
SOMMAIRE
Le quartier des Cévennes à Montpellier est actuellement au centre d'un projet ambitieux de rénovation urbaine. Ce plan, initié en réponse aux défis sociaux et écologiques contemporains, vise à revitaliser et transformer le quartier en un espace plus vert, convivial et adapté aux besoins de ses habitants.
Avec la récente scission d'une grande copropriété en douze entités privées, les premières étapes de ce vaste programme ont déjà été mises en œuvre, marquant le début d'une série d'améliorations destinées à enrichir le cadre de vie local. Focus sur les objectifs, des interventions prévues, et les financements clés qui dessinent l'avenir du quartier des Cévennes ; un modèle urbain durable à Montpellier.
Un ambitieux projet de rénovation
Lancé il y a une dizaine d’année, le projet de restructuration et rénovation du quartier des Cévennes est une entreprise ambitieuse de la ville pour revitaliser un quartier classé QPPV laissé “à l’abandon”, avec une population marginalisée et un bâti fortement dégradé. Ainsi, la collectivité a formulé un projet urbain autour d’un certain nombre d’objectifs pour mener à bien cette restructuration :
- Renforcer la desserte en bus-tram,
- Créer des espaces publics et désenclaver le quartier,
- Créer un maillage de circulations douces,
- Démolir deux écoles et reconstruire un groupe scolaire moderne,
- Améliorer l’attractivité des commerces (démolition et reconstruction),
- Moderniser les équipements publics (maison de quartier, maison du projet),
- Réaménager l’avenue Ravas, axe de desserte majeur,
- Scinder la copropriété en 12 entités,
- Résidentialiser chaque bâtiment et améliorer le confort des logements.
Le cœur de la rénovation urbaine du quartier des Cévennes bat au rythme des ambitions écologiques et sociales. L'objectif principal est de métamorphoser ce quartier en un espace où la nature et l'humain coexistent harmonieusement. En valorisant le patrimoine végétal existant, le projet envisage de créer des zones apaisées où les résidents peuvent se retrouver, se détendre et profiter d'un cadre de vie amélioré. Cette transformation passe également par l'intégration des habitants dans le processus de décision, assurant que le renouveau urbain réponde véritablement à leurs besoins et attentes.
Le projet se distingue par sa volonté d'offrir des espaces de vie de qualité, de promouvoir la biodiversité et de favoriser les déplacements doux. Il ambitionne également de renforcer le lien social à travers la création de lieux de rencontre et d'activités communautaires.
Principales interventions et aménagements prévus
Au sein du projet de rénovation du quartier des Cévennes, plusieurs interventions majeures sont prévues :
Le plan de sauvegarde de la copropriété des Cévennes
L'une des actions phares concerne la restructuration de la grande copropriété, initialement composée de 918 logements répartis dans 12 bâtiments sur une vaste surface de 8,7 hectares. Montpellier Méditerranée Métropole, en collaboration avec l’ANRU et l’ANAH, a mis au point un plan de sauvegarde important avec un budget faramineux de 52,5 millions d’euros, dont la majeure partie du financement sera assurée par les 3 entités.
Cette restructuration en douze copropriétés privées est une manœuvre stratégique pour simplifier la gestion immobilière et améliorer la qualité de vie des résidents. Les travaux de rénovation thermique et de réhabilitation des logements ont été budgétisés à 5,6 millions d’euros par l’ANAH qui se chargera de ces interventions.
En parallèle, la Métropole de Montpellier prévoit l'acquisition de 30% de logements sociaux par bâtiment, en préemptant les appartements à la vente, afin de diversifier le profil des habitants et d'apporter une réponse concrète aux problématiques de précarité. Ce faisant, la métropole garantit l’accès à des logements neufs à Montpellier pour les foyers les plus modestes.
Repenser l’espace public et recréer du lien avec la communauté
Outre la reconfiguration immobilière, le projet inclut de nouveaux aménagements de l'espace public. L'avenue du Professeur Louis Ravas, par exemple, témoigne déjà de cette transformation avec l'élimination de parkings au profit d'un large trottoir, de bancs, d'une piste cyclable, et de nouvelles plantations. Cela s'inscrit dans la volonté de favoriser les mobilités douces et de rendre le quartier plus accueillant et sécurisé.
La réouverture de la Maison de quartier Chabrol illustre également l'engagement en faveur du lien social et de l'accès à la culture et aux services pour tous. Ce lieu, devenu un espace multimédia géré par l'association AVEC, ainsi qu'une permanence de la maison de santé pluridisciplinaire Villa Ravaz, s'insère dans une logique d'inclusion et de bien-être communautaire.
La Maison du projet Cévennes avait également été inaugurée en 2022, afin de porter le projet au plus proche des habitants du quartier et de recueillir leurs avis et témoignages lors de réunions publiques et concertations. C’est Coralie Mantion, vice-présidente de la Métropole, qui chapeaute ce projet qui tient une importance particulière pour elle étant donné qu’elle est elle-même résidente du quartier.
”C’est un des projets que je pilote qui me tient le plus à cœur car il comporte des marqueurs écologiques forts. On me pose souvent la question de la compatibilité à être une vice-présidente à l’urbanisme et écologiste. Ce genre de projet comme celui de l’agriparc montre que l’on redessine la ville sur elle-même en préparant la ville au réchauffement climatique.
On crée du lien avec des espaces de vie et de respiration qu’il n’y avait pas avec un nouveau parc et une nouvelle place centrale pour le quartier tout en redynamisant les commerces et en les diversifiant pour une offre commerciale à destination des habitants du grand quartier Cévennes”
Coralie Mantion, vice-présidente de la Métropole, chargée de l’aménagement durable du territoire, de l’urbanisme opérationnel et de la maîtrise foncière
Nouvelles infrastructures et espaces verts
Le projet de rénovation du quartier des Cévennes à Montpellier prévoit la création d'infrastructures clés et le développement d'espaces verts. Parmi ces initiatives, la construction d'une nouvelle place publique, par la démolition du bâtiment M, symbolise l'ouverture du quartier vers des espaces communs plus accueillants et vivants.
Cette nouvelle place sera un lieu de convergence pour les habitants, favorisant les interactions sociales et offrant des commodités telles que des terrasses pour les commerces locaux, notamment une boulangerie, renforçant ainsi l'attractivité du quartier.
En parallèle, l'accent mis sur la préservation et l'enrichissement du patrimoine végétal du quartier témoigne de la volonté de créer un environnement urbain plus vert. La sauvegarde de 157 arbres initialement menacés par le projet et la mise en valeur de la couverture végétale existante sont des mesures concrètes vers la réalisation de cet objectif. Ces actions s'inscrivent dans une vision globale de développement durable, visant à améliorer la qualité de l'air, à réduire les îlots de chaleur urbains et à offrir des espaces de détente et de loisirs aux résidents.
L'introduction d'un grand parc et d'autres espaces verts, aménagés en concertation avec les habitants pour répondre à leurs besoins spécifiques, renforce cette orientation. Ces zones vertes seront non seulement des poumons pour le quartier mais aussi des lieux de lien social et de biodiversité, contribuant à la cohésion de la communauté et à la résilience écologique de Montpellier. Les écoliers du groupe scolaire Brès-Daubié pourront d’ailleurs profiter d’un nouveau parc de 5000m² dès le mois de juin 2024, deux ans avant l’ouverture au grand public estimée à 2026.
Ces développements s'accompagnent de réaménagements visant à améliorer la mobilité et la sécurité dans le quartier, comme la réorganisation des voies de circulation et la création de parkings résidentiels. Ensemble, ces améliorations matérialisent la vision d'un quartier des Cévennes rénové, où les infrastructures modernes et les espaces verts coexistent en harmonie, offrant un cadre de vie enrichi à ses habitants. Plusieurs tranches de travaux sont prévues pour cet ambitieux projet, qui devrait être terminé à l’horizon 2030.
Les opération effectuées en 2023
Ce projet d’envergure avance petit à petit, et plusieurs chantiers mineurs ont déjà été terminés. Lors d'une réunion publique qui s’est tenu le 9 mars dernier au collège Simone Veil, le maire de Montpellier et président de la métropole, Michaël Delafosse, a fait part des avancées du projet.
Des pistes cyclables ont été créées lors de l’aménagement de la contre-allée Ravaz, pour fluidifier la circulation de ce mode de déplacement. La rue Fabri de Pereisc a également été remise en état, et l’Espace associatif Chabrol a été inauguré le jour même de la réunion publique. Ce dernier accueillait déjà deux associations depuis le mois de novembre (AVEC et la Maison de santé pluridisciplinaire des Cévennes).
”L’accent sera mis sur l'ouverture aux écoles d’un jardin au sein du futur parc public, a expliqué le maire, ainsi que de premiers aménagements le long du chemin des écoliers, des temps d’échanges et de concertation avec les copropriétaires pour définir les périmètres de résidentialisation, et la poursuite du relogement des ménages qui seront impactés par les démolitions.”
Michaël Delafosse, Maire de Montpellier
Financements et partenariats
Le projet de rénovation urbaine du quartier des Cévennes à Montpellier se distingue non seulement par son envergure et ses ambitions mais aussi par la solidité de son financement et la qualité de ses partenariats. Avec un investissement global de 52,5 millions d'euros, ce projet illustre l'engagement des acteurs publics et privés en faveur d'une transformation urbaine significative et durable.
La collaboration entre la Métropole de Montpellier, l'Agence Nationale de l'Habitat (ANAH), et l'Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine (ANRU) souligne l'importance d'une approche coordonnée pour relever les défis du renouvellement urbain. L’ANRU subventionne le projet à hauteur de 22 millions d’euros, tandis que la participation de l’ANAH s’élève à environ 10 millions d’euros.
Le soutien financier et technique de ces institutions permet de mettre en œuvre des solutions innovantes pour le logement, les espaces publics, et la mobilité, tout en assurant la participation des habitants dans le processus de transformation.
