Lutter contre les îlots de chaleur urbains
SOMMAIRE
- L’îlot de chaleur urbain, un phénomène qui étouffe les grandes villes
- Qu’est-ce qu’un îlot de chaleur urbain ?
- Qu’est-ce qui cause le phénomène d’îlot de chaleur ?
- Quelles sont les conséquences des îlots de chaleur sur la santé ?
- Qui sont les plus vulnérables face aux îlots de chaleur urbains ?
- Comment se protéger contre les îlots de chaleur urbains ?
- L’îlot de fraîcheur sur les rives du Lez, à Montpellier
Le soleil et les températures élevées font partie du quotidien des Montpelliérains. Cependant, on remarque une intensité de plus en plus importante chaque année à cause du réchauffement climatique. Par ailleurs, rares sont les saisons estivales qui n’enregistrent pas d’épisode caniculaire, notamment ces dernières années.
Pour lutter contre les îlots de chaleur urbains, la ville de Montpellier, a mis en place des infrastructures dédiées. Aujourd’hui, la chasse aux îlots de chaleur est ouverte. Les mesures prises concernent aussi bien les lieux publics et privés déjà en place que les futurs projets d’immobilier neuf à Montpellier. Focus sur les détails de la lutte contre les îlots de chaleur urbains dans la métropole montpelliéraine.
L’îlot de chaleur urbain, un phénomène qui étouffe les grandes villes
Qu’est-ce qu’un îlot de chaleur urbain ?
Il s’agit d’un phénomène qui désigne la différence de température entre une ville (généralement plus chaude) et la campagne qui l’entoure (où la température est plus fraîche). C’est donc une mesure relative qui est exposée en degrés. On peut, par exemple, parler d’un îlot de chaleur de +3°C.
Il convient toutefois de rappeler qu’il n’est pas l’unique déterminant de la température d’une ville, celle-ci dépend d’abord de la température ambiante qui règne dans la région concernée. Concrètement, un îlot de chaleur de +3°C à Lille ou Montpellier ne peut pas se traduire par la même température finale, dans le cas où il fait 15°C dans le Nord et environ 22 °C dans l’Hérault.
L’intensité d’un îlot de chaleur urbain est classée en 4 catégories avec leur code couleur : négligeable (moins de 2°C, en jaune), non négligeable (entre 2°C et 3 °C, en orange), forte (de 3°C à 6 °C, en rouge) et très forte (plus de 6°C, en violet).
Qu’est-ce qui cause le phénomène d’îlot de chaleur ?
L’îlot de chaleur urbain est provoqué par un ensemble de perturbations qui sont liées à l’urbanisme et au mode de vie des habitants. Premièrement, on a ce que l’on appelle la « rugosité urbaine » (la hauteur des bâtiments). Selon les experts, plus il y a des immeubles hauts, plus cela va contribuer à perturber l’écoulement de l’air.
Il y a également les surfaces minérales, à l’instar des immeubles en béton ou des routes asphaltées qui emmagasinent de la chaleur pendant la journée et la restituent la nuit. Il ne faut pas non plus oublier le manque d’eau et d’espace vert.
Les experts précisent également que la cause du phénomène d’îlot de chaleur provient aussi des sources de chaleur liées à l’activité humaine. Dans cette catégorie, on citera, entre autres, l’industrie, les véhicules à moteur et les climatiseurs qui rejettent de la chaleur dans les rues.
Quelles sont les conséquences des îlots de chaleur sur la santé ?
Les îlots de chaleur viennent renforcer l’exposition à la chaleur. Par exemple, un individu qui vit dans un îlot peut être exposé à une température de 40°C au lieu de 35°C. La différence peut être minime, mais cela peut avoir de fortes conséquences.
Dans une étude publiée en 2020, Santé publique France a exposé la surmortalité liée à la chaleur dans les villes de la région Ile-de-France. Il a été démontré que le risque de décès lié à la chaleur est bien plus faible dans les communes qui ont davantage de végétation et beaucoup moins de sols artificialisés.
Les effets de la chaleur sur la santé sont connus de tous. Les épidémiologistes rappellent que la température interne du corps humain doit rester dans une gamme de température restreinte, donc autour de 37,5 °C. Si l’on venait à dépasser cette valeur, il peut y avoir des effets nocifs sur l’organisme.
Parmi les effets souvent rencontrés, on citera : la déshydratation, les malaises, l’hyperthermie et les coups de chaleur. Selon les cas, les effets sont très variés en gravité et en nature. Certaines personnes peuvent faire un petit malaise sans avoir forcément besoin de prise en charge, tandis que d’autres auront besoin de soins en urgence.
Les îlots de chaleur urbains représentent donc un véritable risque pour la santé publique, et cela ne va pas aller en diminuant au fil des prochaines années. Selon une étude publiée en mai dernier et portant sur 43 pays, des chercheurs ont estimé à 37 % la part de mortalité due à une chaleur imputable au changement climatique (environ 1,1°C au niveau global).
En prenant en compte le rythme actuel des émissions de gaz à effets de serre, provenant de notre mode de vie (alimentation, transport…), le réchauffement pourrait atteindre entre 2,7 à 4,4 °C à l’horizon 2100, selon les prévisions du GIEC (Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat).
Qui sont les plus vulnérables face aux îlots de chaleur urbains ?
Tout le monde ne réagit pas de la même manière face à la chaleur. Certaines personnes sont plus vulnérables que d’autres. Cela peut être dû au fait qu’elles ont un état de santé dégradé ou que leur thermorégulation n’est pas maîtrisée. C’est, par exemple, le cas pour les enfants et les personnes âgées.
Par ailleurs, les sportifs ainsi que les travailleurs ayant une activité physique importante au quotidien sont aussi à risque. En effet, ils doivent lutter contre deux sources de chaleur en même temps. Enfin, nous pourrons aussi citer les sans-abris qui ne peuvent pas se soustraire à la chaleur et qui sont donc particulièrement vulnérables.
Cependant, selon des études réalisées en croisant des données socio-économiques et des données d’îlots de chaleur, il a été remarqué que les professions intellectuelles supérieures et les cadres en centre-ville sont les plus exposés.
Comment se protéger contre les îlots de chaleur urbains ?
Afin de réduire efficacement l’îlot de chaleur urbain, il est important de modifier la manière dont les villes sont organisées et construites. Le problème urbanistique posé par le réchauffement climatique est très clair, les villes ont été construites pendant des centaines d’années pour un climat tempéré et vont désormais devoir supporter un climat beaucoup plus chaud.
Il convient de préciser qu’il n’est pas nécessaire de reconstruire entièrement les métropoles. Différents outils permettent de réduire les îlots de chaleur urbains. Pour rafraîchir les villes, on peut se tourner vers plusieurs solutions :
- La création de parcs ;
- La mise en place de plans d’eau ou d’ombrages ;
- L’installation de façades ou de toitures végétalisées ;
- L’amélioration de l’isolation des bâtiments ;
- Le changement de matériaux pour les façades et les sols ;
- La réduction du trafic routier ;
- La limitation de l’utilisation de la climatisation ;
L’îlot de fraîcheur sur les rives du Lez, à Montpellier
Dans un écoquartier de Montpellier, on commence la lutte contre les îlots de chaleur urbains dès la phase de conception. Actuellement, 1 200 logements ont déjà été disposés de façon à profiter pleinement de la fraîcheur du fleuve alentour. L’architecte urbaniste en charge de leur conception, Pierre Tourre, est à la tête du projet bioclimatique autour du quartier rive gauche du Lez Port-Marianne. L’aménagement de cette zone a démarré en 2007.
Tout a été pensé par rapport à l’existant : l’ensoleillement, le vent, la chaleur, les arbres et la présence du fleuve. Le projet est catégorisé comme « bioclimatique » parce qu’il prend en compte toutes ces données.
La disposition des bâtiments a été réfléchie de sorte qu’il y ait une bonne circulation d’air entre eux. Par ailleurs, les bâtiments profitent aussi de la fraîcheur du fleuve alentour et tiennent compte de la course du soleil. Ainsi, aucun des 1 200 appartements n’est orienté est-ouest pour éviter l’exposition directe au soleil.
La végétation du bord du fleuve a aussi été renforcée. Cette démarche a été accompagnée de plantation d’arbres et de création de diverses prairies fleuries qui contribuent à la réintroduction de la biodiversité et au renforcement de l’évapotranspiration du sol. On a remarqué un ressenti de 10°C en moins dans les logements par rapport à la température extérieure.
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