Les nouvelles halles Laissac redynamisent l'Écusson
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Laissac, ce vieux quartier de Montpellier qui a longtemps vécu dans l’ombre de la place de la Comédie, est en pleine effervescence.
Alors que Montpellier à la folie des grandeurs et inaugure son Village des Sciences, les halles de Laissac viennent de rouvrir, et le bouleversement est de mise pour tout le secteur. C’est, en fait, une renaissance complète du quartier qui est appelé par cette nouvelle construction, cette troisième version des halles historiques de la place, qui succède à celles construites dans les années 1870 et à celles venues un siècle plus tard.
C’est l’émoi pour les riverains qui découvrent la nouvelle vue de leurs appartements : dégagée pendant les trois ans de travaux, elle donne maintenant sur cette nouvelle pièce architecturale unique à l’esthétique sûrement plus harmonieuse que le marché rond surmonté d’un parking qui avait occupé la place durant les 50 dernières années.
Depuis leur inauguration le 1er décembre dernier, les nouvelles halles ne désemplissent pas. Les commerçants se préparent à un gain d’attractivité considérable, et les aménageurs-urbanistes entendent bien poursuivre le développement du quartier par une requalification des espaces publics, des façades, des sols, et des liens entre la place et ses alentours.
Des halles 3.0 à l’esthétique XIXe
Les nouvelles halles Laissac sont conçues dans un style Baltard, dans une alliance de métal et de verre. Elles se développent sur 1.111m² et ne dépassent pas les 7 mètres de haut, afin suivant la volonté de Philippe Saurel de « dégager le ciel ». Elles ont été conçues pour se moduler en fonction des saisons et des aléas météos, et tirer ainsi le meilleur parti de leur implantation.
« C'est l'archétype des halles qu'on a toujours vues. Au droit du lanterneau, on a le môle central, l'espace de vie. Les étaux pourront s'ouvrir vers l'extérieur quand il fera beau et si le temps ne le permet pas, les halles pourront se refermer, garder leur transparence et la vie pourra se trouver au milieu. »
Christine Bridon, l'architecte de la Ville de Montpellier qui a coordonné ce projet
Une forme bien plus proche de celle des halles d’origine que de leur seconde version des années 70… Ce qui n’est pas sans déplaire à qui que ce soit dans le quartier. Et ce qui pourra bien représenter un atout de poids dans son essor prochain.
Un « retour aux sources »
Quand les habitants du quartier apprennent que l'on projette de construire un marché couvert sur la place, en 1850, ils s’y opposent d’abord fermement, et proposent de le bâtir plutôt sur la place Saint Come, à côté de l'amphithéâtre. Mais le projet est adopté en conseil municipal le 4 août 1876. Il est décidé que ce marché aurait la forme d'une rotonde, et serait semblable à celui de la rue de Rome à Marseille.
Les premières halles sont donc inaugurées le 6 novembre 1880, et baptisées Laissac, du nom du maire de l'époque.
Au début des années 60, la municipalité décide la démolition des halles XIXe et la construction à leur place d’un parking circulaire abritant un marché en son rez-de-chaussée. Les habitants surnommeront ce bâtiment « la verrue » depuis sa construction en 1962 jusqu’à sa démolition en 2016.
C’est donc avec impatience et soulagement que les Montpelliérains ont suivi ce nouveau projet pour les halles Laissac. Et leur réalisation finale n’est pas pour les décevoir.
La coupole artistique des nouvelles halles
La « verrue architecturale » des années 1960 a donc laissé la place à un bâtiment circulaire aux lignes harmonieuses, surmonté d’une œuvre d’art signée par l’étudiante montpelliéraine des Beaux-Arts, Mona Young-Eun Kim.
L’artiste s’est inspirée du melon pour réaliser son œuvre sur la coupole des halles Laissac : les pans de verre de la coupole, découpée en autant de quartiers que le fruit, exaltent ses couleurs chaudes et ses nervures irrégulière en les réfléchissant sur le sol des halles.
« Ce fruit symbolise la chaleur, le soleil et la richesse, à l’image de Montpellier. Ses couleurs sont très gaies et fraîches : vert, jaune, blanc et orange »
Mona Young-Eun Kim, étudiante aux Beaux-Arts de Montpellier
L’étudiante en arts a été sélectionnée par la municipalité, qui avait lancé un concours autour de cette pièce. Avec ce geste artistique, Mona Young-eun Kim est entrée dans l’histoire architecturale de Montpellier par la grande porte.
Des halles connectées et écologiques
Pour la réalisation de ces halles d’un nouveau genre, qui allient à merveille un style architectural et décoratif XIXe et les dernières technologies modernes, les habitants et les commerçants ont été associés au projet depuis ses prémisses jusqu’à son inauguration finale. Le maire de Montpellier parle même d’un « petit bijou de concertation », et salue cet audacieux mélange des genres.
« Cette halle a toutes les technologies modernes notamment ces panneaux photovoltaïques qui vont lui donner son autonomie énergétique. »
Philippe Saurel, maire de Montpellier et président de la métropole
Car, nouveauté de taille, les halles Laissac version 3.0 sont des « halles et marchés connectés ». Les usagers peuvent passer commande directement sur leur smartphone, via une application dédiée, et venir récupérer leurs produits sur place, ou se faire livrer sur Montpellier. Aujourd'hui, seules les halles Laissac sont concernées, mais bientôt ce seront les 24 halles et marchés de la ville. On notera également le travail soigneux sur le volet écologique de cette réalisation, définitivement en phase avec son temps.
Une dynamique nouvelle
Il a été porté une attention particulière à ce que les 17 commerçants déjà implantés dans les anciennes halles puissent conserver leur activité. Aussi, ils se sont vus rejoindre par 7 nouvelles enseignes, mais qui proposent toutes une offre inexistante par le passé. On trouve donc désormais aux halles Laissac 24 commerces, dont une rôtisserie, un cuiseur, des produits de la mer, une charcuterie, des pizzas… De quoi satisfaire tous les goûts et toutes les bourses !
Un lieu de vie
Les nouvelles halles Laissac ont été pensées pour être aussi, et peut-être avant tout, un lieu de vie. C’est la raison pour laquelle elles tirent leur inspiration de celles de Sète ou de Narbonne, véritables lieux de convivialité où l'on peut déambuler, se rencontrer ou manger en plus de faire ses courses.
« Les halles seront un lieu de convivialité, articulé autour d’un pôle central de 200 m², avec une terrasse intérieure et extérieure. »
Brigitte Roussel-Galiana, adjointe au maire de Montpellier, Déléguée aux Affaires économiques, au Commerce et à l'Artisanat
« Les étaliers ont été choisis pour leur spécialité, leur expérience et la qualité des produits proposés. Ils sont complémentaires des commerces aux alentours. »
Philippe Saurel, maire de Montpellier et président de la métropole
Les étals, ouverts sur l'extérieur et fonctionnant toute la journée de 8h à 20h, invitent les Montpelliérains à investir le lieu et à se l’approprier. Les clients peuvent maintenant faire cuire viandes et poissons sur place, et partager leurs conseils de cuisine.
« Il y a ici une véritable effervescence qui n’existait pas avant. »
Un étalier installé dans les halles Laissac
« C’est devenu aujourd’hui un véritable lieu de vie. »
Un coiffeur de la place
« Ce n’est pas une révolution, mais le quartier est vraiment plus attractif. Les habitués sont là, mais les halles ont aussi amené ici une nouvelle clientèle, une clientèle de qualité. »
La directrice de la pizzeria en face des halles
« Les gens descendent aujourd’hui du centre-ville pour venir jusqu’à nous, ce qui est nouveau. On se sent bien mieux qu’avant. »
Un employé de la pizzeria en face des halles
Des animations se tiendront régulièrement sur place, et des évènements ponctuels devraient encore booster l’attractivité de la place. La municipalité espère que cette opération d’envergure participera à redynamiser l’Ecusson.
Les aménagements de la place se poursuivent
Les halles ont bien ouvert début décembre, pour autant les aménagements de la place sont encore amenés à se poursuivre. De nouveaux travaux sont prévus jusqu’à l’été 2019, et ce afin de satisfaire l’un des objectifs initiaux : que la place Laissac devienne un « véritable lieu de passage, de vie et de rencontres ».
« L’ensemble de la place sera en aire piétonne. Une cinquantaine d’arceaux seront installés pour le stationnement des vélos et des places pour les motos seront aménagées en dehors de l’aire piétonne. »
Philippe Saurel, maire de Montpellier et président de la métropole
Le sol sera recouvert d’un béton stabilisé, qui solutionnera également les problèmes de déclivité actuels, et les façades bénéficieront d’un ravalement. La place sera plantée d’arbres, et les espaces piétons seront retravaillés. Le chantier devrait permettre à tous les restaurants de bénéficier d’une terrasse ombragée par les futurs micocouliers. La fleuriste, le caviste et le primeur bio ne seront pas en reste, puisqu’ils verront leurs étals prolongés vers l’extérieur.
Faire de cette place un espace public majeur du centre-ville
Nombreux sont les commerçants du quartier à vivre cette réouverture comme un soulagement. Ils sont plusieurs à avoir subi une baisse de leur chiffre d’affaires, allant jusqu’à -40% pour la droguerie en face des halles. Tous se réjouissent de cette reprise de l’activité sur la place, et ils sont quelques-uns à dresser d’ambitieuses perspectives de développement pour l’avenir.
« Cette halle est la première pierre du changement du commerce non sédentaire. Un endroit de convivialité parfait où l'on aura plaisir à venir manger, amener des amis, grignoter quelques chose. Parce que le but c'est d'animer cette place. Ce sera le second point d'attraction après la place Jean Jaurès. »
Jean Pierre Touchat, président du syndicat des halles et marchés de Montpellier
L’ambition de la Ville : faire de cette place un espace public majeur du centre-ville, situé entre le boulevard du Jeu de Paume et le futur centre d’art contemporain, le MoCo. La plupart des habitants et usagers de la place voient dans cette récente ouverture des halles le signe d’une transformation en cours du quartier. Il est à prévoir, si l’on en croit les prévisions de la gérante de l’agence immobilière toute proche de la place Laissac, que l’arrivée des halles fasse augmenter les prix de l’immobilier sur le secteur. Une intuition partagée par nos conseillers IMMO9 spécialistes du centre montpelliérain.
« L’ensemble de la place sera en aire piétonne, avec des passages pour les livraisons et les secours. Une cinquantaine d’arceaux seront installés pour le stationnement des vélos des places pour motos seront aménagées en dehors de l'aire piétonne. » @Saurel_P #HallesLaissac pic.twitter.com/3l5YhgEf36
— Presse Montpellier (@PresseMTP) 8 février 2019
SOURCES
- « Montpellier : Avec les nouvelles halles, le quartier Laissac change de visage », par Nicolas Bonzom - 20 Minutes.fr, 10/02/2019
- « Montpellier : une nouvelle place Laissac pour l’été », par Arnaud Boularand - e-Métropolitain.fr, 08/02/2019
- « Montpellier : les nouvelles Halles Laissac sont enfin ouvertes », par Clément Barbet - France3-régions.fr, 03/12/2018
- « Montpellier : L'artiste coréenne Mona Young-eun Kim a imaginé la coupole fruitée des halles Laissac », par Nicolas Bonzom - 20 Minutes.fr, 02/12/2018
- « Montpellier: Les Halles Laissac rouvrent en fanfare après près de trois ans de travaux », par Jerome Diesnis - 20 Minutes.fr, 01/12/2018
- « PHOTOS - La renaissance des halles Laissac à Montpellier », par Marie Ciavatti - France Bleu Hérault.fr, 02/11/2017
- « Les Halles Laissac : Ouverture le 1er Décembre 2018 », par Nicolas Bonzom - Montpellier.fr
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